Prise de notes

Prise de notes


Dans la planification d’un projet à long terme où l’inspiration va jouer un rôle prépondérant, beaucoup d’artistes, humoristes et créateurs vous diront qu’ils ont toujours un bloc note à disposition pour ne rien oublier de leurs merveilleuses idées... mais, c’est que la moitié d’une bonne idée.


On vit dans un monde où il faut faire deux choses de sa vie professionnelle pour pouvoir générer suffisamment de revenus pour dégager des économies et pouvoir vivre et profiter


Mon exemple est simple, je travaille la journée et j’aimerais pouvoir m’exprimer le soir, au travers de vidéos sympas et d’écrits divertissants et instructifs. 


C’est faisable, mais ça demande beaucoup d’implication et une forme de rigueur qui parfois me donne l’impression que ça va devenir une fonction mécanique qui perdra son intérêt à force de répétition. Un peu comme le boulot alimentaire qu’on fait le temps que la situation s'améliore.


Si on en croit les coachs en productivité et les créateurs qui donnent “gratuitement” leurs astuces de réalisations, la prise de notes est une clef de leur succès et leur succès est fonction de leur récurrence de travail et de propositions.


Jusque là, tout va bien, je suis raccord, une idée pop dans la journée on la note pour y revenir plus tard, il y aura une session dédiée pour pousser ces petites idées dans leurs retranchements, mais est-ce que ça fonctionne pour quelqu’un qu’y a vingt deux idées à la journée? La réponse est simple, non !


J’en suis à un Work Process Overload, mon bloc notes avec espace infini dans mon smartphone est rempli d’idées, face auxquelles je ne trouve que des conditions de non accomplissement. C’est un parallèle à la problématique de “Decisions Fatigue” Trop de possibilités, trop d’opportunités, ça tue n'importe quelle personne avec un peu de talent.


Ça me rappelle quand t’es gamin et que tes profs te disent que tu gâches ton potentiel, que tu pourrais faire tellement de choses si tu arrivais à te concentrer deux minutes. J’étais tout à fait capable de me concentrer sur World Of Warcraft, et j’ai décroché, vous savez quand ? Quand le jeu est devenu trop complexe et que choisir de prendre une voie impliquait d’en sacrifier une autre, le jeu a perdu son option “addictive” qui te permettait de rentrer dans un monde où ça va tout droit en mode bump de satisfaction régulier, dopamine rush. L’ouverture à la diversification de l’expérience de jeu entraine une fatigue de décision qui m’a sorti du programme, pour le mieux, parce que c’était vraiment la merde et on en reparlera plus tard.


Résultat, quand je me décide à travailler, à me concentrer sur une vidéo ou un écrit, je me retrouve chargé par la vague d’idées que j’ai notées dans la semaine et le temps de les lire, de les classer et d’identifier celles qui seront intéressantes, j’ai perdu l’envie de produire naturellement.


Pour le moment, ces écrits s’enchainent sans le besoin de chercher dans mes anciens projets d’écritures, et j’ai envie de le garder comme ça. Comme à mes débuts de YouTube où les vidéos sortaient chaque jour sans idées préalables et le fun guidait l'essentiel des intentions. La journée se remplissait d’aventures et l’inspiration venait toute seule, comme pour ces pages de journal de bord, aucun besoin de recourir à un processus de préparation pour produire du contenu.


Produire, créer et vivre de l’art, c’est un paradoxe complet à mes yeux. Difficile de rester intéressant quand on produit pour vivre, difficile d'en vivre quand on ne produit pas régulièrement, difficile de produire régulièrement si on ne peut pas s’y consacrer complètement. Et il y a encore pas mal de problématiques sociales qui s’imbriquent pour créer un univers qui n’est, en réalité, pas fait pour les artistes et c’est pour ça qu’aujourd’hui encore, seul les vrais, font la différence.


Trouver le juste milieu où tout s'imbrique normalement, c'est le but dans l'histoire de sa propre vie. Ça implique de laisser couler certaine idées et d'avancer sur d'autres pour pouvoir y revenir quand le moment sera venu. 


Noter ces idées, c'est bien pour un projet, mais pas pour vivre. Si vos idées ne sont pas encrées en vous-même et ne deviennent pas des besoins d'accomplissement intrinsèques, c'est peut-être qu'elles ne sont pas vos idées, mais celles d'autres personnes de votre entourage que vous avez ingérées et assimilées comme étant les votre.


Faites le tour, effacez les notes en surcharge et rendez-vous demain.


Biz.


Arnaud.