Egoïste

Égoïste

L’égoïsme est une vertu quand on s’en sert pour aider les autres. Une tare si il n’est pas sous maîtrise. Une nécessité pour survivre.


Selon moi et en accord avec le dalaï-lama, "Ne saurait être aimable qu’une personne qui s’aime car il est impossible d’être honnête avec les autres si on ne l’est pas avec soi-même et tout autant difficile d’aider ceux dans le besoin, alors qu'on l’est nous-même."


L’altruiste m’énerve, car dans cette soit disant bienveillance règne trop souvent un besoin de reconnaissance. J’ai trop d’argent, je vais aider le monde… bien souvent, on est sur une personne qui s’en veut tellement de ce qu'elle a fait pour obtenir cet argent qu’elle veut racheter ses fautes avec. 


À l'apogée de l'Église Catholique, on appelait ça des indulgences et ça achetait l'absolution et le droit de faire la guerre sans finir en enfer.


A l'exception des nantis, nés dans le bain du luxe, une personne qui se sera "donnée les moyens” aura sans doute, et malheureusement, dû négliger sa famille et la bienséance générique pour parvenir à un niveau de vie économique supérieur. Plus tard, cette même personne se verra rattrapée par la vie et se demandera ce qu’il adviendra d’elle quand tout sera fini. Car elle n'a pas pu se payer le luxe d'être riche à la naissance.


Mais à l'heure de Facebook, Twitter et compagnie, racheter ses péchés en silence n’a aucun sens. Alors, tant qu'à faire, autant s'arranger pour que tout le monde le sache. On transforme une valeur par une autre, en l'occurrence, de l'argent, contre une réputation de bienfaiteur. Je vois pas beaucoup d'altruisme là-dedans... et vous ?


Ce n'est pas encore le pire.


Une personne sincèrement désintéressée, qui n’a pas succombé au besoin de possession, au point de l’annuler complètement et d'être capable de vivre du peu que la nature lui réserve... Sous prétexte qu'elle trouve un smartphone par terre, merci mère nature...

Cette personne voudrait donner des leçons de vie? J'avoue avoir un peu de mal avec le concept.


C'est-à-dire qu’ils vivent dans un monde onirique où leur bienveillance est récompensée par l’aide ingénue des autres sans même qu'ils s'en rendent compte. Par exemple, l’accueil par des populations encore plus pauvres qui se reconnaissent en elles mais qui ne pourront pas vivre du "Rien Intersidérale" qui les bénit chaque jour.


Ce rien qui n’existe pas, car une personne sans volonté productive aujourd’hui ne peut survivre que grâce au système capitaliste en place, les aides ou simplement les outils que des centaines d’années de productivité intensive ont permis de rendre accessibles, c’est donc toujours un peu cracher dans la soupe à mes yeux.



Excusez moi l’exemple mais, Mère Teresa avait plus facile à nourrir des orphelinats complets en étant "libre de le faire", qu’une mère de deux enfants, seule, dans les quartiers Nord de Marseille qui doit payer toutes ses factures sans y faire passer sa vergogne.


Allez comprendre.



Pour revenir à l’égoïsme, c’est simple. Si vous n’êtes pas en bonne santé, financière, physique et mentale… aider quelqu’un d’autre c’est juste procrastiner sur soi-même. Je le sais, je l’ai fait pendant vingt ans. Toujours prêt à oublier mon insignifiance en me consacrant aux projets et besoins d'autrui, sans même chercher à m’enrichir, juste pour dire d’avoir quelque chose à faire sans avoir à penser à mon manque de courage dans mes propres œuvres, quel altruisme...


Fuir sa réalité et ne pas affronter son propre univers en s'occupant de construire celui des autres, c'est vivre une demi vie, par procuration, autant boire du sang de licorne.


Aussi mal vu soit-il, l’égoïsme implique de s’affronter soi, de se comprendre et de s’accepter, pour pouvoir dire non quand le besoin s’en fait, pour pouvoir dire oui, quand la possibilité se présente et c’est plus facile à dire qu’à faire car derrière, vous serez jugé, autant par ceux à qui vous consacrerez du temps que par ceux à qui vous l’aurez refusé.


Enchaînement de paradoxes.

Une personne égocentrique qui accomplit des merveilles en négligeant tout le reste sera mise en avant comme une personne "Succesfull", en oubliant le genre de « sacrifice » qu'implique ce genre de réussite. Je mets des guillemets parce que dans le chef du protagoniste, ce n’est pas ressenti comme un sacrifice mais comme un prix à payer auquel il suffit de ne pas prêter attention. L’exemple qui me vient en tête est Steve Jobs mais ils sont légions dans sa forme.

Une personne égocentrique mais pauvre sera, elle, critiquée au plus haut point. Opportuniste, sans cœur, jamais là pour ceux qui en ont besoin. Distant, apathique, tout ce que vous voulez. Un égo en construction passe ses journées à se faire démonter et c’est dommage, mais tant mieux aussi. Si c’était facile d’être égoïste… ça serait horrible à vivre pour tout le monde.


Et comme je vous disais, l’égoïste qui ne s’en rend pas compte n’est pas en maîtrise et fera plus de mal que de bien.

Doser son besoin de Soi, la construction d’un Moi défini pour affronter la vie et ne pas se laisser distraire par les besoins des autres… c’est là la vraie source de pouvoir et de prospérité. Défendre son identité, dire non, sans s’excuser. Dire oui sans attendre un merci. La politesse, c’est du vent social, mais prendre la peine de ne pas peiner quand nécessaire, d’arrondir les angles quand faire se peut, c’est déjà faire preuve d’un peu d’abnégation.

Si faire plaisir implique trop de sacrifices et que derrière il y a une rancœur et un manque de reconnaissance, ce n’est plus ni de l’altruisme, ni de l’égoïsme, c’est du masochisme. Et vouloir faire payer de l’amour contre de l’amour, c’est juste du business. Si il faut faire des comptes d’apothicaire sur qui fait quoi dans la maison pour restaurer l’équilibre familiale, c’est peut-être que le déséquilibre se trouve dans l’égo, d’une ou plusieurs des personnes du groupes, insatisfait en interne et qu’il.s ou elle.s cherche.nt à se nourrir dans une autre entité. Cet égoïsme là, il est néfaste, on pourrait commencer à parler de Narcissisme Pervers, mais on ne verrait pas la fin de cette lecture.

L’équilibre se trouve d’abord en nous-même, ensuite, on peut tenter de le faire se refléter dans l’esprit des autres, mais il faut doser pour ne pas avoir l’air arrogant ou distant. C’est malheureux, mais plus la personne en face est en déséquilibre, moins elle sera prompte à accepter l’aide ou la vision d’une personne plus sereine. L’égo entre encore une fois en jeu pour créer un autre paradoxe, ceux qui ont le plus besoin d’aide, sont ceux qui la rejetteront le plus fort.

Dans cette situation, la seule chose que vous pouvez faire, c’est continuer d’être stable et à l’équilibre. Continuer d’irradier votre entourage d’un état de confiance en Soi qui donne envie aux autres d’avoir confiance en vous, de ne pas en abuser, ne pas s’en nourrir, juste de laisser la vie faire son travail de mise à l’équilibre sans créer de résistance.


La destinée, ça sera pour un autre pamphlet.


Bonne nuit.


Personnellement, j'aime ni les égoïstes et presque encore moins les altruistes.